Soulages en galerie : l’artiste et le marché privé

Warren Levy art - Soulages en galerie : l’artiste et le marché privé

Warren Levy art - Soulages en galerie : l’artiste et le marché privé de l’après-guerre à nos jours

Pierre Soulages (1919–2022), figure majeure de l’abstraction française, s’impose dès la fin des années 1940 grâce à une scène parisienne en pleine effervescence. C’est à la Galerie Lydia Conti, en 1947, qu’il expose pour la première fois à Paris. Cette galerie avant-gardiste, qui soutient également Hans Hartung ou Gérard Schneider, joue un rôle décisif dans la reconnaissance précoce de Soulages auprès des amateurs éclairés.

En 1949, il rejoint la prestigieuse Galerie de France, alors dirigée par Myriam Prévot et Gildo Caputo, qui devient un partenaire fidèle durant plusieurs décennies. Ce soutien structurel contribue à asseoir sa cote dans le cercle restreint du marché de l’art moderne d’après-guerre. La galerie le représente lors de nombreuses expositions collectives et foires européennes, offrant à son œuvre une visibilité constante et qualitative.

La reconnaissance internationale : de New York à Tokyo

Dès les années 1950, Soulages s’exporte. L’exposition Younger European Painters au Guggenheim Museum (1953) et ses accrochages réguliers à la Kootz Gallery à New York le positionnent comme l’un des rares artistes européens à dialoguer avec l’école américaine de l’abstraction.

Dans les années 1960, ses œuvres sont présentées à Tokyo, notamment grâce à la galerie Minami et à la Japan International Art Promotion Association. Ce rayonnement s’accompagne d’un intérêt marqué des collectionneurs asiatiques pour ses toiles sombres, dont la profondeur chromatique répond à une esthétique zen universelle.

Soulages en foires et expositions de galeries

Au fil des décennies, l’artiste est omniprésent dans les grandes foires d’art contemporain. Art Basel, la FIAC ou encore la Biennale de Paris accueillent régulièrement ses œuvres à travers les stands de galeries partenaires telles que Karsten Greve, Applicat-Prazan ou Perrotin plus récemment. Ces prescripteurs jouent un rôle stratégique dans l’élargissement de sa base de collectionneurs internationaux.

Plusieurs projets curatoriaux notables ont également contribué à nourrir son marché secondaire : on citera l’exposition Soulages XXIe siècle (Galerie Lelong & Co., 2019) ou encore les accrochages en duo, comme avec Zao Wou-Ki ou Pierre Tal Coat, qui mettent en lumière les résonances entre abstraction occidentale et extrême-orientale.

Une présence pérenne sur le marché privé

Même après sa disparition en 2022, l’œuvre de Soulages continue d’animer les galeries du monde entier. Sa cote reste stable et soutenue, portée par une rareté maîtrisée et des œuvres emblématiques (notamment les Outrenoirs) qui s’échangent souvent hors marché public. De nombreuses galeries proposent encore des pièces historiques de collection privée, garantissant une circulation maîtrisée et prestigieuse.